Comment fixer le bon tarif pour vos prestations de croquis live ?
- Daily Kat
- 16 mai
- 6 min de lecture
(et comment préserver sa santé mentale)
Il y a encore trop d’artistes qui facturent une prestation de croquis live… à l’heure. Deux heures de présence, deux heures facturées. C’est intenable. Ni juste, ni viable. Ni pour soi, ni pour la profession.
Et pourtant, c’est un réflexe courant, surtout en début d’activité. On pense « c’est cool, j’ai été payée 600 € », mais on oublie le vrai temps passé, les frais engagés, la fatigue, et surtout… la vie autour.
Cet article est là pour poser les bases d’un tarif professionnel, pensé sur l’année, et adapté à ta réalité.
Ce que comprend une prestation de croquis live
Avant toute chose, il faut arrêter de croire que la prestation ne dure que 2 ou 3 heures. Voici ce qu’elle comprend réellement :
La communication en amont : devis, échanges, brief, préparation logistique
Le temps de trajet aller-retour (souvent plus de 2h)
L’installation sur place, parfois avant l’arrivée des invités
Le live sketching lui-même, qui peut durer 3 à 6h sans pause
Le rangement, retour, récupération
La facturation, les relances éventuelles
Et bien sûr, l’entretien du matériel, le renouvellement des stocks, les cotisations professionnelles
Tu l’auras compris : le “tarif horaire” n’existe pas dans ce métier.
Il faut penser en forfait global, et raisonné sur l’année.

Tu veux vivre du croquis live ?
Commence par ton objectif annuel, pas mensuel.
L’erreur la plus fréquente quand on débute (ou quand on sous-estime la complexité du métier), c’est de dire : « je veux me verser 2000 € par mois ». Oui, mais le croquis live n’est pas une activité linéaire : certains mois sont vides, d’autres très chargés (4 mariages en un mois, puis plus rien en novembre…).
La bonne question à se poser, c’est donc : combien ai-je besoin de gagner par an ?
Mais ce chiffre dépend aussi de ton contexte de vie et d’activité :
Tu es salarié à temps partiel ou à plein temps ?
Tu proposes aussi des activités accessoires ( coaching ou ateliers) des illustrations à la demande (portraits personnalisés) ou de l’édition (cession de droits) ?
Tu vis seul·e, en couple, avec ou sans enfants ?
Exemple :
Tu vis à Paris, tu es indépendante à 100 %, tu vis en famille.
Tu veux te verser 30 000 € net par an → il te faut viser environ 45 000 € brut annuel.
Petit rappel : brut ≠ net
Quand on parle de chiffre d’affaires ou de revenu « brut », il faut retirer les charges obligatoires.
Voici les principaux prélèvements :
URSSAF artistes-auteurs : env. 16 %
IRCEC (RAAP) : 6 ou 8 % (obligatoire à partir de 10 000 € de recettes)
Impôt sur le revenu : cela dépend, mais compte 9 % minimum
Frais pro divers, assurance, outils, matériel, transport
Pour 45 000 € brut annuel :
URSSAF : ~7 200 €
IRCEC : ~3 600 €
Impôt : ~4 000 €
→ Reste environ 30 000 € net à l’année
Et là, on ne parle même pas encore de vacances, de temps en famille, d’imprévus… ou de l'abaissement du seuil pour être assujetis à la TVA...

Tu ne feras pas 52 prestations par an.
Et c’est normal.
Même si tu es passionnée, même si tu kiffes les mariages et les events, tu ne peux pas enchaîner 50 week-ends par an sans pause. Ce serait le burn-out en or massif.
Et là encore, ton contexte personnel joue :
Tu es célibataire ? Tu peux peut-être enchaîner 30 à 40 prestations.
Tu es parent de jeunes enfants ? Alors 20 à 25 par an, c’est déjà bien.
Tu vis dans une région peu dense ou tu ne veux pas voyager trop loin ? Tu auras forcément moins de dates disponibles.
Moi, par exemple :
Je suis mariée, j’ai deux enfants, et je ne peux pas partir chaque week-end.
Je veux préserver ma vie de famille, et je complète mon activité avec du coaching et des ateliers pour artistes.
Le bon tarif en croquis live, c’est le tien.
Mais il doit être réaliste !
Une méthode simple pour fixer ton tarif de prestation croquis live (à affiner selon ton niveau) :
Calcule ton revenu brut annuel visé
(ex. 45 000 €)
Estime ton nombre de prestations possibles par an
(ex. 30 prestations réalistes dans ton contexte)
Fais la division :
45 000 ÷ 30 = 1 500 € brut par prestation
Tu trouves ce montant élevé ? Peut-être.
Mais si tu veux vivre de ton art, il faut que chaque date couvre non seulement ton temps sur place, mais aussi :
Les heures de préparation
Les déplacements
Le temps de devis, relances, facturation
Ton matériel
Les temps morts entre deux prestations
Les vacances, les jours off, la formation continue…
Et une autre méthode ?
Certains recommandent de multiplier par 3 le coût total de ce que la prestation te demande (temps, déplacement, matériel), pour intégrer ton bénéfice.
Par exemple : une journée à 300 € de « coûts » → 900 € de tarif minimum.
Fixe ton prix en conscience du marché
Tu es débutant·e ? Tu as peur d’être trop cher ?
C’est une erreur fréquente de se dire : « je vais baisser mes prix pour décrocher mes premières dates ».
Mais attention :
Ne casse pas le marché. Renseigne-toi sur ce que facturent les autres.
Si tu es trop bas, tu risques de paraître peu professionnel.
Ce n’est pas ton tarif qui doit séduire, mais ton trait, ton style, ton professionnalisme.
Conseil : tape dans Google ou Instagram « croquis live mariage » ou « live sketching event », et fais une moyenne des prix annoncés.
Cela te donnera un référentiel honnête.

Sois transparent.e. : affiche tes prix
C’est bon pour toi, bon pour les autres :
Tu gagnes du temps.
→ Les prospects qui te contactent savent à quoi s’attendre.
→ Moins de négos stériles, moins de devis dans le vide.
Tu montres que tu es pro.
→ Un·e artiste qui assume ses prix, c’est rassurant.
Tu pratiques la sororité et la solidarité entre artistes.
→ Tu aides les autres à s’aligner, à élever le niveau du marché.
Sur la facture ? Une seule ligne. Et une ligne qui rassure.
Une artiste de mon réseau a eu ce retour très clair d’une wedding planner, lors d’un shooting professionnel :
« Une facture avec dix lignes de frais annexes, c’est rédhibitoire. On veut une prestation simple, lisible, sans surprises. »
Et elle a raison. Une prestation de live sketching, ce n’est pas une addition de coûts techniques — c’est une œuvre d’art en contexte événementiel. Ce que tu vends, c’est un tout, une présence artistique. Pas des kilomètres ou des heures supplémentaires.
À indiquer sur la facture :
→ « Production d’œuvres d’art originales réalisées en direct »
C’est clair, conforme au statut d’artiste-auteur, et ça inspire confiance aux clients comme aux organisateurs.
Mais c’est aussi plus simple pour toi. En comptabilité, tu déclares un revenu unique, global, sans avoir à fractionner tes frais. Tu n’as pas à détailler ce qui relève du déplacement, du temps ou du matériel.
Ce que tu factures = une production artistique.
Ce que tu dépenses (trajet, hébergement, matériel) = des charges professionnelles que tu déclares de ton côté.
À toi de choisir le bon régime : micro-BNC si tu débutes, ou régime contrôlé si tu veux déduire tes frais réels et optimiser ta compta.

Pour conclure : pose-toi les bonnes questions
Avant de fixer ton tarif :
Quel est mon revenu brut annuel cible ?
Quelles sont mes autres sources de revenus ?
Combien de prestations puis-je faire par an ?
Quel prix brut dois-je fixer pour chaque prestation ?
Ce tarif me permet-il de vivre correctement, sans m’épuiser ?
Suis-je en accord avec mes collègues ? Suis-je visible, clair et cohérent ?
Tu es artiste, oui. Mais tu es aussi professionnel·le.
Fixer ton tarif, c’est prendre soin de ton art — et de ton avenir.
Et rappelle-toi : c’est ton style, pas ton rabais, qui fera ton succès.
Envie d’aller plus loin ?
Découvre mon guide gratuit pour artistes-auteurs :
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Et si tu veux clarifier ton style, ton offre et tes tarifs,
je propose un coaching personnalisé :
[Le Trait Fondateur] – un accompagnement concret pour artistes
qui veulent affirmer leur signature et vivre de leur art.
Dailykatement vôtre,
Illustratrice
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