Fixer ses tarifs en illustration de commande : pourquoi le format ne suffit pas
- Daily Kat
- 21 mai
- 4 min de lecture
Introduction : évaluer la valeur réelle de son travail
Quand on débute en illustration de commande — et particulièrement en live sketching — il peut être tentant de construire une grille tarifaire simple basée uniquement sur les formats : un A5 à 40 €, un A4 à 80 €, un A3 à 160 €, un A2 à 320 € pour fixer ses tarifs. Une multiplication par deux, claire, rassurante… mais parfois trompeuse.
Cet article n’est ni un blâme, ni un guide figé. Il vise à t’aider à prendre conscience de la valeur réelle de ton travail, et à t’équiper pour construire une tarification plus juste, à la fois pour toi et pour tes clients.
Tu peux aussi t’en inspirer pour faire de la pédagogie auprès de ta clientèle. Car oui, parfois, fixer un tarif, c’est aussi expliquer ce qu’il y a derrière.

Quand une grille tarifaire simpliste dévalorise ton travail
Prenons un exemple souvent rencontré :
A5 : 40 €
A4 : 80 €
A3 : 160 €
A2 : 320 €
Sur le papier, cela semble logique : chaque format coûte le double du précédent. Mais en réalité, cette progression ne tient pas compte du temps, de la technique, ni de la nature du travail réalisé.
Voici pourquoi ce raisonnement atteint très vite ses limites.

A3, A2 : un autre type d’illustration, un autre tarif
Quand on est live-sketcher, les petits formats (A6, A5, A4) servent souvent à des croquis minutes ou des portraits stylisés, réalisés rapidement et sans décor complexe. Ils fonctionnent bien dans des contextes événementiels, et une certaine montée en tarif (du A5 au A4, par exemple) peut être justifiée par le nombre de personnages ou le temps passé.
Mais dès qu’on passe au format A3 ou A2, on change de registre.
Un grand format n’est pas juste un portrait agrandi. C’est souvent :
une scène complète (moment de cérémonie, ambiance d’un lieu) ;
une composition pensée avec narration visuelle ;
un fond architectural ou végétal ;
un lavis, plusieurs couches d’aquarelle, des superpositions ;
un travail plus long, plus technique, plus minutieux.
👉 On quitte le croquis pour entrer dans l’illustration.
C’est un changement de temporalité (souvent plusieurs heures de travail) et de nature d’œuvre. Il devient alors incohérent de simplement multiplier le tarif du A4 pour fixer celui du A3. Ce n’est plus le même service.

Combien tu gagnes vraiment par heure ?
Prenons un instant pour faire le calcul du revenu brut horaire sur ces bases :
A5 à 40 € → 20 minutes de travail = 120 €/h (brut)
A4 à 80 € → 40 minutes de travail = 120 €/h (brut)
A3 à 160 € → 5 heures de travail ? = 32 €/h (brut)
A2 à 320 € → 8 heures de travail ? = 40 €/h (brut)
Et là, on ne parle que de temps de création. Sans compter les échanges clients, la mise en page, le scan, l’emballage, les frais matériels ou les charges.
On comprend très vite qu’avec cette grille tarifaire, plus le format est grand, moins tu es rémunéré au juste prix de ton temps. Tu décotes ton travail, tu discrédites ta technicité, et tu risques même de perdre en crédibilité auprès de ton public.
Ton tableau vaut bien plus que tes frais de déplacement
En live sketching, il n’est pas rare qu’une prestation complète avec création d’un grand format (type A2 illustrant un moment clé) soit facturée autour de 1 000 à 1 200 euros. Cela inclut ta présence, le croquis live, mais aussi l’élaboration d’un tableau complexe.
Or, si tu fixes un tarif individuel pour un A2 à 300 €, que racontes-tu à ton client ?
Qu’il achète un croquis à 300 € et que le reste est du “frais de route” ?
Cela déséquilibre la perception de ton travail. Et ce n’est pas représentatif de la valeur réelle de ce que tu proposes. Ton tableau n’est pas un “bonus” à la prestation : c’est une œuvre à part entière, un vrai travail d’illustrateur, un tableau d’émotion.

Fixer ses tarifs en illustration de commande,
c’est aussi faire de la pédagogie
Les clients ne sont pas toujours conscients des heures passées, ni des niveaux de complexité entre un croquis A5 en direct et une aquarelle A2 travaillée. Et ce n’est pas grave.
C’est à toi d’expliquer — avec bienveillance — ce qu’ils achètent réellement : ton style, ton regard, ton temps, ta technique, ton intention artistique.
Cet article peut t’aider à réfléchir à ta propre grille de tarifs… et peut-être à la faire évoluer. N’aie pas peur de revoir tes prix : cela ne veut pas dire que tu exclues des clients, cela veut dire que tu valorises ce que tu crées.
En résumé
Les formats A5, A6, A4 peuvent rester cohérents avec une logique simple… si le niveau d’exigence reste le même.
À partir du A3, on entre dans une autre catégorie d’illustration : scène, décor, narration.
Le temps passé, la complexité technique et la valeur artistique doivent être pris en compte.
Un grand format n’est pas un petit format grossi, et ne peut pas être tarifé par simple multiplication.
Fixer ses tarifs, c’est reconnaître la valeur de son art — et la faire reconnaître.
Et toi, comment fixes-tu tes tarifs ?
Si tu es artiste, illustrateur·rice ou live-sketcher, ton expérience m’intéresse.
👉 As-tu déjà tâtonné pour établir une grille tarifaire cohérente ?
👉 As-tu dû ajuster tes prix en cours de route ?
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Dailykatement vôtre,
Illustratrice
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